On le savait malade, il n’empêche que sa  disparition, le jeudi 12 février, a créé un choc dans le microcosme de  la musique pour orchestre d’harmonie et fanfare. Elle laisse un vide  immense. Car Désiré Dondeyne, pendant plusieurs décennies, a marqué ce  domaine musical de sa forte personnalité. Il était le guide,  l’éclaireur. En mettant son talent au service des associations musicales  amateurs, il a revalorisé l’orchestre d’harmonie en France et a  activement participé à sa promotion auprès du grand public.
Sa  carrière s’inscrit sous le signe de l’excellence. Né à Laon en 1921, il  débute ses études musicales au conservatoire de Lille. En 1936, il  rejoint la capitale et intègre la toute nouvelle Musique de l’air, en  qualité de clarinette solo. Il étudie l\'écriture au CNSM de Paris, dans  la classe de Tony Aubin et remporte sept premiers prix au sein de cette  prestigieuse institution. En 1954, il devient chef de la Musique des  Gardiens de la Paix, à Paris, poste qu’il occupe jusqu’en 1979. Pendant  toutes ces années, il va hisser l’orchestre jusqu’à des sommets.
Boulimique  de travail, doué de tous les talents, organisateur et communicateur, il  va fédérer les meilleurs compositeurs de son temps et les encourager à  écrire des œuvres originales qui sont créées sous sa baguette et portées  par son orchestre des Gardiens de la Paix. Plus qu’un chef d’orchestre,  il s’impose alors comme un accélérateur de talents, un créateur né.  Créateur il l’est et le prouve dans son activité de compositeur. Il a  écrit de nombreuses œuvres (dont quatre figurent à notre catalogue),  destinées principalement à des orchestres d’harmonie. Ces œuvres, très  modernes dans le son et la structure, révèlent une imagination affûtée,  une parfaite connaissance des instruments d’harmonie et une belle  maîtrise de l’orchestration. D’ailleurs, Désiré a publié un Traité  d’orchestration à l’usage des orchestres d’harmonie, fanfares et  musiques militaires, considéré comme une référence.
Désiré  Dondeyne m’a raconté un jour qu’il n’avait pas besoin d’un piano ou  d’un instrument quelconque pour composer. La partition s’organisait dans  sa tête, les pupitres se mettaient en place et il entendait les  instruments sonner dans son imagination, au fur et à mesure qu’il  couchait les notes sur les portées de son papier à musique. Prodigieux !
Par-delà  sa fonction de chef d’orchestre et son activité de compositeur, il  s’est illustré comme pédagogue et a formé des générations d’élèves, dont  certains poursuivent une belle carrière aujourd’hui.
Désiré  Dondeyne a également beaucoup œuvré au sein des fédérations musicales,  afin de défendre la pratique musicale amateur. Il était président de  l\'Union des Fanfares de France et membre du Comité d\'honneur de la  Confédération Musicale de France.
Avec  la disparition de Désiré Dondeyne, une page se tourne. La vie  d’aujourd’hui ne ressemble plus à celle qu’affectionnait le chef  d’orchestre des Gardiens de la Paix. L’individualisme a désormais force  de loi. Le clavier de l’ordinateur s’est substitué au crayon du  compositeur. La réalité virtuelle a remplacé la réalité tout court et  enfante toutes les solitudes. Pour garder nos repères face à cette  nouvelle donne, il nous faut revenir à des valeurs sûres, celles,  précisément, qu’incarnait Désiré Dondeyne. Autrement dit : une vie  harmonieuse et saine, un contact social retrouvé, un enthousiasme  régénérateur autour de la musique, qui constitue, plus que jamais, la  voie de salut. En un mot, il nous faut garder en nous quelque chose de  Désiré…
Pierre LAFITAN
 
Désiré Dondeyne for ever…
Désiré Dondeyne for ever…
On le savait malade, il n’empêche que sa disparition, le jeudi 12 février,